Nan Goldin est une photographe et militante emblématique, connue pour ses œuvres intimistes et son engagement contre la crise des opioïdes. Le documentaire 'Toute la beauté et le sang versé' offre un regard inédit sur son parcours artistique et son combat inspirant.
Nan Goldin : une artiste photographe et activiste
Nan Goldin, photographe de renommée internationale, a marqué le monde de l'art par son œuvre intimiste et engagée. Son parcours artistique est indissociable de son activisme, notamment dans la lutte contre la crise des opioïdes aux États-Unis.
Une carrière de photographe documentant la vie underground new-yorkaise
Nan Goldin commence sa carrière de photographe dans les années 80 à New York. Elle documente alors la vie intime de son cercle d'amis-es et d'artistes, célébrant les cultures underground souvent stigmatisées par la société traditionnelle. Ses clichés capturent l'essence de la communauté LGBT new-yorkaise de l'époque, avec une approche brute et sans filtre.
Ses diaporamas, tels que "The Ballad of Sexual Dependency" (1986), deviennent emblématiques de son style et de sa démarche artistique. Ils témoignent de la richesse et de la diversité de la scène underground, tout en abordant des thèmes comme l'amour, la sexualité, la violence et la résilience face à l'épidémie de sida qui frappe durement la communauté LGBT dans les années 80-90.
Un engagement militant contre la famille Sackler et la crise des opioïdes
En 2017, Nan Goldin survit à une addiction aux opiacés et décide d'utiliser sa notoriété pour lutter contre la famille Sackler, propriétaire du laboratoire Purdue Pharma. Ce dernier est accusé d'avoir contribué à la crise des opioïdes aux États-Unis en promouvant agressivement l'OxyContin, un puissant antidouleur à base d'opioïdes hautement addictif.
Nan Goldin co-fonde alors le collectif P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) qui mène des actions coup de poing dans les grands musées ayant bénéficié des dons de la famille Sackler. L'objectif est de dénoncer l'"artwashing" pratiqué par les Sackler qui utilisent la philanthropie pour redorer leur image ternie par le scandale des opioïdes.
Grâce à la pression exercée par P.A.I.N., de nombreuses institutions prestigieuses comme le Louvre, le MoMA ou le Guggenheim, finiront par couper leurs liens avec la famille Sackler. Si cette dernière échappera aux poursuites judiciaires en provoquant la faillite de Purdue Pharma, le combat de Nan Goldin aura permis de lui ôter toute crédibilité et respectabilité dans le monde de l'art.
En mêlant intimement son art et son engagement, Nan Goldin incarne la figure de l'artiste activiste, utilisant la puissance des images pour révéler des réalités occultées et porter des combats essentiels. Son parcours force l'admiration et en fait l'une des photographes les plus influentes de sa génération.
Le documentaire : Toute la beauté et le sang versé
Le documentaire "Toute la beauté et le sang versé" de Laura Poitras, sorti en salles le 15 mars 2023, offre un portrait intime et engagé de la photographe et activiste Nan Goldin. D'une durée de 1h57, ce film entremêle avec finesse le récit personnel de l'artiste et son combat acharné contre la famille Sackler, responsable de la crise des opioïdes aux États-Unis.
Un regard sur l'enfance et les amitiés de Nan Goldin
Le documentaire plonge le spectateur dans l'enfance de Nan Goldin, révélant les moments clés qui ont forgé sa sensibilité artistique et son engagement. On découvre également les amitiés profondes qu'elle a nouées au sein de la communauté artistique new-yorkaise des années 80 et 90, ainsi que sa résilience face à l'épidémie de sida qui a décimé son entourage.
À travers des images d'archives et des témoignages intimes, Laura Poitras parvient à saisir l'essence même de la démarche photographique de Nan Goldin, qui a toujours cherché à capturer la beauté et la vérité des instants de vie, aussi douloureux soient-ils.
La lutte contre la famille Sackler et la crise des opioïdes
Mais le film ne s'arrête pas là. Il met en lumière le combat de Nan Goldin contre la famille Sackler, propriétaire du laboratoire pharmaceutique Purdue Pharma, qui a commercialisé de manière agressive l'OxyContin, un antidouleur opioïde hautement addictif. Nan Goldin, elle-même survivante d'une addiction à ce médicament, a fondé en 2017 le collectif P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) pour dénoncer les pratiques des Sackler et leur responsabilité dans la crise des opioïdes qui a fait des centaines de milliers de victimes aux États-Unis.
Le documentaire suit les actions coup de poing menées par P.A.I.N. dans les plus grands musées du monde, visant à dénoncer l'"artwashing" pratiqué par les Sackler, qui ont longtemps utilisé leur mécénat artistique pour redorer leur image. Grâce à la détermination de Nan Goldin et de ses compagnons de lutte, la famille Sackler a fini par être mise au ban des institutions culturelles.
Un film récompensé par la critique internationale
"Toute la beauté et le sang versé" a été largement salué par la critique internationale. Le film a remporté le Lion d'or au festival de Venise en 2022, ainsi que les prix du meilleur documentaire décernés par la Los Angeles Film Critics Association, la Boston Society of Film Critics et la New York Films Critics Online.
Ces récompenses viennent couronner la justesse et la puissance du regard porté par Laura Poitras sur le parcours artistique et militant de Nan Goldin, faisant de ce documentaire un témoignage essentiel sur les liens entre art, engagement et intégrité.
Impact et influence sur le monde de l'art
L'impact et l'influence de Nan Goldin sur le monde de l'art sont indéniables. Son activisme contre la famille Sackler et sa dénonciation de l'"artwashing" ont contribué à changer la donne dans les institutions artistiques mondiales.
Déconstruire l'"artwashing" des Sackler
Nan Goldin s'est lancée dans un combat acharné pour déconstruire l'image de mécènes des arts de la famille Sackler. Cette dernière, responsable de la crise des opioïdes aux États-Unis via son laboratoire Purdue Pharma, avait en effet tissé des partenariats avec les plus grands musées du monde, du Louvre au MoMA en passant par le Guggenheim.
Pour Goldin, il s'agissait là d'un "artwashing" destiné à redorer le blason des Sackler et à les dédouaner de la mort de centaines de milliers de personnes. L'artiste et activiste a donc fondé le collectif P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) pour mener cette lutte.
Des actions coup de poing dans les musées
Nan Goldin et les militants de P.A.I.N. ont organisé plusieurs grandes manifestations dans des musées renommés ayant bénéficié des largesses des Sackler. En France, une action a notamment eu lieu devant la Pyramide du Louvre en juillet 2019, avec le soutien de l'association AIDES, pour dénoncer le financement par les Sackler de la restauration de plusieurs salles du musée.
Ces actions coup de poing ont porté leurs fruits. De nombreuses institutions, du Louvre au Guggenheim en passant par le MoMA, ont depuis pris leurs distances avec la famille Sackler. Certains musées ont même débaptisé des salles portant leur nom. Une victoire pour l'intégrité du monde de l'art.
Art et militantisme main dans la main
Au-delà de la famille Sackler, Nan Goldin a démontré combien l'art et le militantisme pouvaient et devaient aller de pair. Son œuvre photographique avait déjà révélé une marginalité LGBT aujourd'hui reconnue. Son combat contre la crise des opioïdes a mis en lumière les dérives du milieu pharmaceutique.
Avec comme dénominateur commun l'intégrité de l'art et la réduction des risques sanitaires. Un engagement partagé par AIDES, qui milite aux côtés de Nan Goldin pour une vraie politique de réduction des risques en matière d'usage de drogues, à travers notamment l'ouverture de salles de consommation à moindre risque.
L'essentiel à retenir sur le combat inspirant de Nan Goldin
Le documentaire 'Toute la beauté et le sang versé' met en lumière l'activisme déterminé de Nan Goldin contre la famille Sackler. Par ses manifestations audacieuses, elle a soulevé une prise de conscience cruciale sur la crise des opioïdes. Son parcours inspire à repenser l'intégrité du milieu artistique et à promouvoir des politiques de réduction des risques liés à la consommation de drogues. Un témoignage puissant qui interpelle et ouvre la voie à un changement durable.